Retard diagnostique : Place de la pratique médicale

Le délai de diagnostic correspond au temps entre la date de la première consultation médicale et la date de confirmation du diagnostic. Le délai de traitement est le temps entre la date du diagnostic et la date d’initiation du traitement. Ces deux délais sont définis comme étant des délais attribuables au système de santé. L'allongement des délais attribuables au système de santé peut être imputable à la pratique médicale, et proté sur la recherche du diagnostic et/ou à l'offre de soins.

Problèmes de diagnostic

Le temps mis par les praticiens pour faire le diagnostic de la pathologie occupe une part importante dans le retard de la prise en charge médicale. Les tests et les techniques de diagnostic peuvent occasionner un long délai avant la prise en charge thérapeutique de la pathologie.

En Afrique du Sud, une enquête rapportait que le retard était lié à la technique utilisée dans le diagnostic de la tuberculose pulmonaire ; ainsi le délai était plus long lorsque le diagnostic était obtenu par l’analyse microbiologique du crachat que par la radiographie pulmonaire.

Une étude menée dans un centre de santé à Abobo (Abidjan, Côte d'Ivoire) a montré l'existence d'une différence statistiquement significative du temps moyen d’attente entre les patients passés par le laboratoire qui était de 5 h 42 mn et ceux qui n’y étaient pas passés qui était de 3 heures (p < 10^-9). Ainsi, le temps mis par le laboratoire de biologie pourrait conduire à un retard diagnostique.

Les problèmes de diagnostic rencontrés par les praticiens sont variés allant de la simple difficulté diagnostique à l’erreur de diagnostic.

Une étude menée au Royaume Uni a permis de comprendre que le retard dû au médecin était imputable au fait que les symptômes multiples ou les comorbidités pouvaient masquer le vrai problème du patient.

Une enquête menée aux USA démontrait que le diagnostic manqué de la démence qui conduisait au retard de sa prise en charge était le fait de praticiens plus âgés, manquant de connaissance sur la démence, craignant un mauvais diagnostic, accordant une faible priorité aux problèmes cognitifs par rapport aux problèmes de santé physique, rencontrant des difficultés de communication avec les patients et préférant les référer en cas de suspicion de démence.

Offre de soins et référence

L’offre de soins de santé et la référence varient en fonction du niveau de l’établissement sanitaire et peuvent être à l’origine d’un retard.

Le retard occasionné par l’offre de soins dans certaines circonstances peut être court. Ainsi une enquête conduite en Australie montrait que le délai de la prise en charge était plus court pour les patients admis en hospitalisation, en cas de gravité de la pathologie, pour les femmes enceintes et lorsqu’une échographie, un examen de l'équipe chirurgicale ou gynécologique étaient nécessaires. Une enquête menée en Floride, mettait en évidence que la nécessité d'un traitement pour stabiliser les conditions médicales d'urgence des patients pouvait réduire ce délai.

A l’inverse, dans certaines conditions, l’offre de soins dans les centres de santé peut conduire à un long délai. Ainsi une étude menée au Royaume Uni rapportait que le retard de prise en charge du cancer augmentait avec la difficulté diagnostique.

De nombreux problèmes de référence sont rencontrés dans les établissements sanitaires et sont à l’origine d’un retard diagnostic. Ainsi une étude menée en Australie trouvait que la référence dans les grands hôpitaux et dans les zones urbaines conduisaient à un délai de prise en charge plus long. Une enquête au Royaume Uni rapportait que le retard de la référence des patients atteints d'un cancer du poumon et de la prostate pouvait s'expliquer par des recommandations selon lesquelles les évaluations et les investigations initiales devaient être terminées avant l'orientation du patient. Une étude danoise trouvait que des symptômes diffus de la polyarthrite rhumatoïde tels que l’enflure, les douleurs d’intensité variables pouvaient occasionner un retard de référence au rhumatologue.

Dans certains cas, la référence est prompte et conduit à réduire le délai de transfert du patient. Ainsi une enquête australienne a relevé que le retard de transfert baissait avec les patients présentant un traumatisme grave suivis des patients cardiaques.