Pourquoi le médecin ne vivra pas longtemps…

Ce titre délibérément provocateur cache une réalité encore plus surprenante. Comment imaginer que le médecin, celui-là même qui travaille à l’allongement de la durée de vie des autres, se retrouve avoir une espérance de vie plus courte : la vie nous réserve vraiment des surprises. (Faisons une large diffusion en partageant à tout le monde ...)

C’est dans ce contexte que plusieurs auteurs s’accordent pour dire qu’aucune autre profession ne sollicitait davantage les forces physiques et mentales d’une personne que l’exercice de la médecine, aucune autre ne condamnait ses membres à des nuits de repos irrégulières et incomplètes ; efforts physiques, aléas météorologiques, astreintes nocturnes, repas interrompus et émotions fortes de toutes natures se conjuguaient pour produire des effets néfastes sur la santé des médecins.

Aussi, les professions médicales sont-elles bien plus exposées aux risques de succomber à une épidémie. Cette profession amène à des contacts directs et répétés avec toutes sortes d’agents infectieux (Ebola, COVID 19 …), et parce qu’on fait appel aux personnels de santé sans cesse, de tous côtés et à tout moment, ces efforts fréquents et excessifs les épuisent, au point qu’ils sont voués à être contaminés plus facilement que quiconque. 

Etat des lieux

Les résultats d’une étude néerlandaise couvrant les quatre derniers siècles, montraient que l’accès direct aux connaissances médicales ne garantissait pas un meilleur état de santé, et qu’à la fois le mode de vie et les conditions de travail difficiles pouvaient limiter l’avantage des médecins.

Un sondage mené en 2021 chez des médecins canadiens trouvait que : 

• Plus de la moitié des participants avaient des symptômes d’épuisement professionnel ;
• 25% des médecins présentaient des troubles modérés à élevés d’anxiété avec une prédominance pour le sexe féminin ;
• Près de la moitié de ces professionnels de la santé ont été positifs au dépistage de la dépression ; et
• Plus du tiers des praticiens ont indiqué avoir eu des idées suicidaires.

Une étude menée au Pays Bas soutenait que l’espérance de vie du corps médical n'a pas plus augmenté que celle d'autres catégories de professions comparables et qu’il semble donc que, pendant longtemps, le savoir médical n'ait procuré que des avantages limités à ses détenteurs.

En Inde, l’espérance de vie des médecins est de 59 ans, contre 67,9 ans dans la population générale, soit près de 9 ans de moins.

Une enquête conduite en France rapportait que les hommes et les femmes médecins se suicidaient respectivement 1,41 et 2,27 fois plus que la population générale.

Causes de la courte espérance de vie des médecins

HORAIRES DE TRAVAIL AUGMENTÉS

Un sondage mené en 2022 rapportait que 22% des médecins hospitaliers français interrogés déclaraient travailler entre 50 et 55 heures par semaine.

Ces horaires de travail excessifs affectent négativement la qualité de vie des praticiens et pourrait s’expliquer par :

• la pression des pairs ;
• la quantité de travail ;
• la constante pression de la hiérarchie ;
• l’exigence de disponibilité à tout moment pour les malades ;
• le grand nombre de patients impatients…

EPUISEMENT PROFESSIONNEL (BURN OUT)

Il existe un épuisement professionnel important chez les médecins. Selon l’enquête Sesmat (santé et satisfaction des médecins au travail) conduite en France, on note un niveau d’épuisement professionnel élevé chez 42,4 % des médecins hospitaliers y compris les psychiatres.

RÉGIMES ALIMENTAIRES INAPPROPRIÉS

Les médecins ont de mauvaises habitudes alimentaires. Les heures de repas ne sont pas les mêmes en raison de la pression accrue au travail, de l'éthique et du professionnalisme qui affectent négativement leur santé.

MANQUE DE SOMMEIL

Les médecins sont confrontés au problème du manque de sommeil car leur profession exige une disponibilité à tout moment. 

Une étude menée en France par le réseau Morphée a révélé que les jours de travail, le temps de sommeil des soignants était significativement plus court que celui des non-soignants et que les personnes en privation de sommeil avaient un indice de masse corporelle (IMC) plus élevé, étaient plus somnolentes, et avaient un risque plus important d’insomnie, d’anxiété ou de dépression sévère.

MODE DE VIE SEDENTAIRE

L'augmentation du nombre d'heures de travail assis et la réduction de l'activité physique pourraient entraîner un risque accru de décès précoce chez les médecins. 

Une enquête conduite en France rapportait que les médecins généralistes libéraux étaient significativement plus sédentaires et plus inactifs les jours de travail que les jours de repos. Ce qui explique que le métier de médecin est par principe sédentaire et exclusivement inactif.

La sédentarité est un facteur de risque majeur de maladies non transmissibles (HTA, Diabète, cardiopathie, cancers…) ainsi que la quatrième cause principale de décès prématurés dans le monde.

INCONFORT DE LA RECEPTION D’UN TRAITEMENT D'AUTRES MÉDECINS 

Certains médecins se sentent mal à l’aise lorsqu’ils reçoivent un traitement de la part de leurs collègues médecins, ce qui les éloigne des contrôles médicaux réguliers et du traitement en temps opportun en raison de problèmes tels que la confidentialité et les réserves liées à l'efficacité du traitement.

Voilà ...

Merci et faisons tout le nécessaire pour rester longtemps en vie...

(Faisons une large diffusion en partageant à tout le monde ...)

Publié par :

Dr AKE N'cho, MD, MPH

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