Santé publique
Importance de la communication médicale
Dans leur pratique clinique, les médecins sont souvent incapables de gérer la communication de l’ensemble des informations médicales, par manque de temps et de formation appropriée à la communication ou improbablement par manque de volonté, surtout que les besoins en information des patients évoluent au cours du temps et ne sont pas systématiquement exprimés au moment de la consultation médicale. Ce qui a pour conséquence d’obliger les patients et leurs familles à chercher des informations à partir d’autres sources, le plus souvent peu fiables. Notre investigation cherche à comprendre l’importance de la communication médicale dans la satisfaction et l’amélioration de la santé des patients.

Médecin et communication médicale
La quasi-totalité du personnel de santé s’accorde pour soutenir l’importance de la communication médicale dans la prise en charge du patient. C’est le cas d’une étude transversale descriptive conduite au Liban qui rapportait que la plupart des médecins participant à cette enquête avaient des attitudes très positives envers les techniques de communication médicale.
La communication médicale doit être maintenue tout le long de la présence du patient dans l’établissement sanitaire. C’est ce que décrivait une enquête Ghanéenne expliquant que les tâches communicatives essentielles se déroulaient lors de la consultation qui passe par l’accueil, l’interrogatoire, l’examen clinique, le diagnostic, la discussion des résultats de l’examen avec le patient et la prescription de l’ordonnance.
Au Canada, une étude soutenait qu’il était important que les médecins apprennent les principes d’une bonne communication médecin-patient et les appliquent en pratique clinique.
Le sexe du professionnel de la santé pourrait être impliqué dans la qualité de la communication médicale, comme retrouvé dans une revue de la littérature qui rapportait que les femmes médecins généralistes avaient davantage plus de communications que leurs collègues de sexe masculin et que leurs consultations étaient plus longues.
Par leur entrisme, les réseaux sociaux vont conduire à façonner les méthodes de la communication médicale :
- Une revue de la littérature indiquait que, par leur attractivité et leur généralisation, les réseaux sociaux prendront encore davantage d’importance à l’avenir dans la communication entre médecins et entre médecins et patients.
- Par ailleurs, Les supports écrits de communication médicale, destinés aux patients, sont en plein développement et peuvent se révéler un appoint précieux pour le médecin, comme le mentionnait une autre publication.
- En Suisse, la téléconsultation médicale est souvent présentée comme un remède à la désertification médicale des zones rurales et aussi pour la réduction des dépenses de santé.

Difficultés de la communication médicale
Les obstacles à la communication médicale peuvent légitimement être attribués à un manque de formation. Une étude conduite au Liban rapportait que la grande majorité des médecins trouvaient que les étudiants ne recevaient pas suffisamment d’entraînement pour répondre aux exigences de la communication dans la pratique médicale et la moitié de ces médecins estimait la performance de ces étudiants comme pauvre dans ce domaine.
La communication médicale peut aussi être entravée par la barrière linguistique ou tout autre situation ne permettant pas de favoriser les échanges communicationnels :
- Une enquête rapportait que le déficit de compréhension de l’anglais par les patients ivoiriens, réfugiés au Ghana, rendait la communication médicale extrêmement difficile du fait de la barrière linguistique entrainant une incompréhension des plaints, des interrogations des patients en français et, aussi des ordonnances et tout autre document.
- De même, le projet d’assistant de communication multilingue ‘’BabelDr’’ soutenait que la communication entre médecin et patient sourd était très difficile aussi, du fait de cet obstacle langagier.
Une autre étude indiquait que les principales causes des litiges et conflits patient-soignant se retrouvaient dans une prise de conscience insuffisante de l’importance de l’information au malade, un manque de temps et une formation quasi inexistante du personnel soignant à la communication médicale.
Une enquête française rapportait que la communication entre médecin hospitalier et médecin généraliste semblait satisfaisante sur le plan quantitatif mais pas sur le plan qualitatif, car la précision sur certaines informations était absente.
Une autre publication française trouvait que la généralisation, d’apparence heureuse, des réseaux sociaux, pourrait poser un problème ; par exemple, en cas d’appel de détresse d’un patient sur un réseau social et que le médecin n’agissait pas, pourrait-t-il être accusé de non-assistance à personne en danger ?
Une revue de la littérature rapportait que la téléconsultation médicale se heurtait encore à plusieurs obstacles tels que structurels, organisationnels, mais aussi juridiques et culturels, car elle remet en cause les fondamentaux de la relation médecin-patient, ainsi que des habitudes de travail ancrées de longue date dans la culture médicale.

Comment améliorer la communication médicale
Une majorité des médecins participant à une étude au Liban trouvait nécessaire d’envisager l’instauration d’un programme d’enseignement des techniques de communication médicale s’appuyant sur l’adhésion des médecins à ce programme.
Au Canada, une enquête trouvait nécessaire d’instaurer des programmes d’éducation médicale à tous les niveaux et inclure l’enseignement de la communication médecin-patient.
Une publication française a montré qu’une formation courte sur la communication basée sur un outil efficace permettait d’améliorer la qualité de la communication à court terme tout en étant très appréciée des participants.
D’autres études recommandaient une formation linguistique en français médical des professionnels de la santé au Ghana et la mise en place d’un système de traduction en langue des signes ; soit avec des humains signeurs, soit par la génération de personnages signeurs virtuels dans la prise en charge des patients sourds.
Les résultats d’une évaluation préliminaire d’une initiative australienne indiquaient qu’un module de compétences en communication médicale développé pour les étudiants en première année de médecine, pourrait améliorer considérablement leurs compétences en communication et accroître leur compréhension de l’importance de prendre en compte le point de vue du patient.
Une enquête menée aux USA rapportait que les centres médicaux centrés sur le patient avec une meilleure communication entre les membres de l'équipe étaient susceptibles de connaître une meilleure communication patient-prestataire et d’augmenter la satisfaction des patients.
Une étude américaine recommandait que les écoles de médecine, en particulier dans les pays en développement, devraient apporter des changements fondamentaux tels que la modification des programmes afin d'intégrer les technologies de l’informatique et de la communication dans l'enseignement médical, la création d'une infrastructure essentielle pour leur utilisation dans l’enseignement et les pratiques médicaux, et une formation informatique structurée pour les professeurs et les étudiants.
Toutefois, le clinicien doit connaitre les principales sources d’informations écrites à destination des patients, acquérir les connaissances lui permettant de juger de leur qualité et apprendre à les intégrer harmonieusement dans sa pratique.
Aussi, si l’émergence des réseaux sociaux entraîne-t-elle de nouvelles problématiques légales ou déontologiques, elle est l’occasion de repenser globalement la gestion de l’information médicale et saisir le plein potentiel de ces nouveaux médias.
Enfin, La population elle-même, instruite par les médias, devrait également participer à cette véritable culture de la communication.
Au total, la communication médicale reste incontournable dans la prise en charge du patient et à ce titre doit être vulgarisée dans tous les établissements de santé et aussi chez les patients qui doivent, en comprenant toutes les difficultés inhérentes à la communication en général, être tolérant devant les déficits communicationnels du personnel de santé.
Bonne communication à tous !
Publié par :

Dr AKE N'cho, MD, MPH
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